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Etats-Unis : les républicains exposent leurs fractures au grand jour avec l’éviction du speaker de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy

L’implosion du Parti républicain est un feuilleton à rebondissements, depuis qu’il est tombé sous l’emprise de Donald Trump il y a sept ans. Mardi 3 octobre, il s’est enrichi d’un épisode historique, à la fois attendu et invraisemblable. Le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été écarté après le vote d’une motion de censure lancée par des mutins de sa propre formation. En fin d’après-midi, les élus ont été appelés un à un, par ordre alphabétique. L’air semblait se raréfier dans les travées. Au final, 216 voix – dont huit républicaines – ont suffi, en raison des absences, pour mettre le speaker à terre, soutenu par seulement 208 personnes de son camp.
Au terme de ce vote, Patrick McHenry (Caroline du Nord), désigné speaker par intérim, a failli fracasser le marteau de colère, pour lever la séance. La frustration et l’impuissance dominent : aucun plan de succession n’existe. La direction du Grand Old Party (GOP) a décidé de s’accorder une semaine pour qu’émergent des candidatures, un délai assez stupéfiant au vu des urgences budgétaires – les élus ont jusqu’au 17 novembre pour adopter une loi de financement de l’Etat fédéral. « On est en territoire inconnu », reconnaissait James Comer (Kentucky). Au-delà de ce chaos politique inédit, la chute de Kevin McCarthy est lourde de menaces pour l’Ukraine. Qu’adviendra-t-il des 24 milliards de dollars (22,9 milliards d’euros) espérés par la Maison Blanche, pour prolonger son effort de soutien ? Le prochain président de la Chambre, pour être élu, devra-t-il donner de nouveaux gages aux mutins, pour limiter drastiquement l’aide à Kiev ?
Kevin McCarthy a déjà annoncé qu’il ne tenterait pas de se représenter au poste de speaker. « Ce fut un honneur de servir », a-t-il dit. A la surprise générale, il s’est présenté devant la presse pour défendre son bilan conservateur et la pratique du compromis. Comme soulagé d’un poids, il a tenté quelques plaisanteries, semblant chercher à ensevelir sous les mots l’humiliation qu’il venait de subir. « J’ai marqué l’histoire, non ? » Un conseil pour son successeur ? « Changez les règles ! » L’élu a aussi osé un long parallèle entre le président russe, Vladimir Poutine, et Adolf Hitler, au sujet des annexions de territoire qu’ils ont entreprises et de leur esprit de revanche, confondant au passage l’Ukraine et l’Afghanistan. Il était bien tard pour sortir des ambiguïtés rhétoriques.

Kevin McCarthy aura raté son entrée comme sa sortie. En janvier, il avait arraché ce poste tant désiré au terme du quinzième tour de scrutin et d’un véritable supplice infligé, déjà, par une vingtaine d’élus extrémistes. Ces derniers avaient obtenu des concessions majeures, en matière de règles de fonctionnement et de postes. Kevin McCarthy avait notamment accepté qu’un seul élu puisse demander une motion de censure. Cet élu, cette semaine, fut son détracteur le plus venimeux, Matt Gaetz (Floride). Ce trumpiste acharné de 41 ans, omniprésent sur les plateaux télévisés, est peu connu pour son investissement dans les dossiers techniques. Il prend vie devant les caméras et se nourrit de la polémique. Mardi, il était en lévitation vaniteuse. Mais il n’était pas le seul agent de destruction.
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